Par Suzanne Blanchet, redactionsb
Vous possédez un balai aspirateur de modèle Johnson 2000? Vous avez tout intérêt à lire l’histoire d’un accident qui aurait pu connaître une issue dramatique. Cette mauvaise expérience a mené l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve à passer en revue les risques entourant l’opération des balais mécaniques.
Le 23 août 2012 s’annonçait une journée comme les autres pour l’un des chauffeurs opérateurs d’appareils motorisés de la Ville de Montréal. Juste avant l’heure du lunch, il entre son balai aspirateur (modèle Johnson 2000) dans la cour de voirie Honoré-Beaugrand.
Le travailleur entreprend de vider la benne comme il le fait depuis 17 ans. Au moment de la remettre en position d’opération, il appuie la main droite sur la structure du véhicule et, de la main gauche, active la commande de descente de la benne. Sentant que celle-ci se referme sur sa main droite, il lâche la commande, mais la main reste coincée. Il faudra au moins cinq minutes avant que deux élagueurs de la Division des parcs et de l’horticulture entendent ses appels à l’aide. Le premier vient lui prêter assistance pendant que le second part chercher du secours.
Toujours consciente, la victime prévient son secoureur qu’il ne doit pas actionner la commande, car le système hydraulique ferait en sorte que la benne écraserait davantage sa main avant de commencer sa remontée. En attendant l’arrivée des services d’urgence, un employé col bleu réussit à dégager son collègue en utilisant une chargeuse-pelleteuse.
L’employé a eu beaucoup de chance : il a subi une coupure au dos de la main et une compression des tissus qui ont exigé deux mois de réadaptation, mais l’issue aurait pu être tragique.
Pourquoi cet accident est-il arrivé? Simon-Pierre Aubin, conseiller en prévention à la Direction des travaux publics, y voit une explication très simple : « La conception de l’appareil faisait en sorte qu’il puisse mettre sa main à un endroit dangereux, et c’est ce qui est arrivé. »
Des mesures correctives
Le jour même de l’accident, tous les employés en sont informés et l’appareil est remisé jusqu’à ce que des mesures correctives soient effectuées avant sa remise en service. Les ateliers ont installé une commande bimanuelle comme celles qu’on trouve sur les modèles plus récents. L’opérateur utilise désormais une main pour presser le bouton qui actionne la benne et l’autre pour valider la commande. Un dispositif de commande bimanuelle doit respecter des critères de sécurité bien précis pour assurer la protection des mains de l’opérateur (voir ci-dessous Une commande bimanuelle améliore la sécurité).
Personne n’ose imaginer quelle aurait été l’issue de l’événement d’août 2012 si les élagueurs n’avaient été présents pour entendre les appels à l’aide de la victime. La configuration du stationnement de la cour de voirie a été modifiée sans tarder. Alors que les véhicules étaient jusqu’alors garés parallèlement à l’édifice adjacent, ils sont désormais stationnés perpendiculairement à l’immeuble. Ainsi, les employés ne sont plus cachés par les véhicules; ils sont toujours dans le champ de vision de quelqu’un travaillant dans cet édifice, qui serait en mesure de constater si l’un d’eux était en difficulté.
Des mesures préventives
Un comité d’amélioration de la sécurité des tâches opérationnelles (CASTO), issu du comité local en santé et sécurité du travail, sera formé au cours de l’hiver 2013. Des sous-comités se pencheront sur diverses problématiques, l’un des premiers portant précisément sur l’opération des balais aspirateurs. Le comité aidera à pousser la réflexion beaucoup plus loin. L’analyse des risques potentiels liés à l’ensemble des balais mécaniques sera effectuée afin d’agir de façon sécuritaire en tout temps. D’autres sous-comités seront également mis sur pied afin de passer à la loupe toutes les procédures de travail et d’implanter des mesures préventives.
Le chef de la Division de la voirie de l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Sylvain Goyette, s’est fixé pour objectif que son garage devienne le plus performant de tous ceux de la Ville de Montréal.
Un moyen efficace qui impose un changement de culture. Or, il est prouvé que l’approche paritaire permet davantage de vaincre les résistances au changement que les solutions imposées par la direction. Les employés doivent effectivement être partie prenante de la mise en place des solutions. Ils seront donc mis à contribution suivant les forces et les intérêts de chacun. L’expérience de ceux qui sont en fin de carrière sera valorisée afin de favoriser le transfert des connaissances, et les nouvelles générations, très informées et sensibilisées aux questions de santé et de sécurité au travail, seront encouragées à signaler les risques d’accidents avant qu’il soit trop tard.
Pour plus d’informations sur cet article, contacter :
- Réjean Daneault, chef de section à la Direction du matériel roulant et des ateliers, [email protected]
- Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, section 301, SCFP, [email protected]
- Simon-Pierre Aubin, conseiller en prévention à la Direction des travaux publics, arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, [email protected]
Certains dispositifs de protection, dont la commande bimanuelle, contribuent à améliorer la sécurité des machines. Pour actionner une telle commande et, par conséquent, la machine, l’opérateur doit obligatoirement utiliser ses deux mains de façon synchrone dans un délai de moins d’une demi-seconde. Ce faisant, les mains de l’opérateur ne sont pas dans la zone dangereuse, ce qui n’élimine cependant pas les risques pour une autre personne qui s’approcherait de la machine. Le relâchement d’un des deux boutons doit provoquer l’arrêt instantané du mouvement et le circuit doit satisfaire les critères de conception de la catégorie qui correspond au niveau de risque.