Veuillez noter que les termes Événement traumatique et Événement à potentiel traumatique sont utilisés sans distinction.
C’est un événement durant lequel soi-même ou une autre personne (ex. : collègue, citoyen) aurait pu mourir, est mort, a été menacé de mort ou de grave blessure, a été gravement blessé, a été exposé ou menacé de violence sexuelle (APA, 2015).
L’exposition peut survenir d’une ou des façons suivantes :
- Être exposé directement à l’événement.
- Être un témoin direct de l’événement qui survient à un autre.
- Être un témoin indirect (ex. : apprendre que l’événement est arrivé à un collègue ou à un proche, ce qui veut dire qu’un événement peut être traumatique même si vous n’êtes pas directement sur les lieux). Dans ce cas, l’événement doit avoir été violent ou accidentel.
- Être exposé de manière répétée ou extrême aux détails horrifiants ou pénibles d’un ou plusieurs événements.
À titre d’exemples, les interventions policières suivantes ont un potentiel traumatique : devoir faire feu, voir son collègue être blessé ou avoir perçu être en danger, être témoin d’un accident mortel ou particulièrement horrible, d’un drame familial ou d’un incident impliquant des enfants, apprendre le suicide d’un collègue, écouter à répétition les histoires de victimes d’agression sexuelle, entendre sur les ondes qu’un événement majeur est arrivé à un collègue. Tous les policiers, quelles que soient leurs fonctions (ex. : patrouilleurs, enquêteurs, techniciens en scènes de crimes, agents doubles, policiers du GTI), peuvent être exposés à des événements à potentiel traumatique.
Noter que l’exposition à un événement à potentiel traumatique pourrait mener ou non au développement d’un trouble de stress post-traumatique.
Il est important de mentionner qu’un policier qui a vécu une intervention qui l’affecte ou le bouleverse, qu’elle soit traumatique ou non, devrait aller chercher de l’aide.
Il existe une multitude de réactions possibles après un événement à potentiel traumatique. Celles-ci peuvent être présentes pendant quelques jours, plusieurs jours ou même se développer plusieurs mois après un événement. Il est aussi possible d’avoir vécu un tel événement, mais de ne pas développer de réactions.
Ces réactions sont normales face à une situation qui est anormale.
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’une intervention policière qui a un potentiel traumatique entrainera beaucoup d’informations à absorber par notre organisme au cours des jours suivants. Les réactions qui apparaissent reflètent cette tentative d’adaptation de notre corps et de notre cerveau.
Lors de l’événement, l’adrénaline secrétée par le système nerveux déclenche une série de réactions de survie. Ainsi, pendant ou après l’événement, un policier pourrait :
- ressentir des réactions physiques d’anxiété dues à la sécrétion d’adrénaline dans le corps comme : palpitations, hyperventilation, tremblements, souffle court, impression de manquer d’air ou sensation d’étouffement, étourdissements, douleurs thoraciques ou sensation d’oppression au niveau du thorax, picotements, difficulté à avaler, serrement à la gorge, jambes molles, etc.
- ressentir des réactions de dissociation comme :
- dépersonnalisation : impression de se « voir » en train de faire l’action, se sentir en dehors de son corps, s’observer d’en haut;
- déréalisation : impression que les choses se déroulent au ralenti ou en accéléré; impression que ce qui se passe est irréel (impression d’être dans un mauvais rêve ou dans un film);
- diminution de la conscience de son environnement : moins entendre les sons ou moins voir ce qui nous entoure;
- amnésie : ne pas se rappeler certains détails importants de l’intervention;
- léthargie : être coupé de ses émotions et ne rien ressentir.
Les réactions de dissociation sont communes chez le personnel des services d’urgence étant donné qu’ils ne peuvent pas fuir physiquement les situations auxquelles ils sont exposés.
Certains policiers pourraient ressentir d’autres types de réactions qui ne sont pas énumérées ci-dessus. Chacun réagit différemment, d’où l’importance de ne pas se comparer aux autres.
Dans les jours qui suivent, il est possible de continuer de ressentir des réactions et émotions très intenses. Toutes ces réactions sont des tentatives de l’organisme de s’adapter à l’événement.
Voici des exemples courants de réactions qui surviennent après un événement à potentiel traumatique, d’où l’appellation de réactions post-traumatiques :
- Reviviscences : repenser souvent à l’intervention de façon involontaire, avoir des flashbacks, y rêver, être bouleversé ou réagir avec des réactions physiques d’anxiété lors des rappels de l’événement.
- Évitement : vouloir éviter d’y penser, d’en parler ou éviter tout ce qui rappelle l’intervention (lieu, personne, objet, situation, activité).
- Hyperéveil : être irritable, demeurer en état d’alerte ou d’hypervigilance même si le danger est passé, anticiper certaines interventions, avoir des difficultés de sommeil, de concentration, sursauter, avoir un comportement autodestructeur.
- Changements dans les pensées et l’humeur : se blâmer ou se remettre en question, être plus distant, s’isoler, avoir de la difficulté à ressentir des émotions positives, avoir moins d’intérêt, être envahi d’émotions négatives (peur, sentiment d’impuissance, culpabilité, honte, horreur ou colère), entretenir des croyances négatives exagérées face à soi ou aux autres (ex. : « je suis un mauvais policier »).
Ces réactions peuvent changer au fil du temps. Les questions suivantes vous donneront plus d’informations sur l’évolution possible des réactions, mais retenons pour le moment qu’une personne pourrait avoir certaines de ces réactions sans pour autant être en trouble de stress post-traumatique.
À retenir
L’exposition à un événement traumatique peut aussi engendrer d’autres conséquences, sans que ce soit des réactions post-traumatiques (ex. : anxiété, symptômes dépressifs, consommation de substances).
La durée des réactions varie pour chaque personne. Les réactions peuvent :
- durer quelques jours et s’estomper graduellement;
- persister dans le temps ou
- se développer des mois ou des années après l’événement.
L’évolution et la durée des réactions dépendent de certains facteurs. Les recherches indiquent, entre autres, que la sévérité du trauma, la présence de dissociation pendant l’événement ou encore un soutien social négatif (ex. : recevoir des critiques) après le trauma sont autant de facteurs de risque qui nuisent à l’adaptation. Le meilleur facteur de protection serait la perception d’un soutien social adéquat après le trauma, ce qui faciliterait le rétablissement de l’individu.
Il faut retenir que lorsque les réactions post-traumatiques persistent au-delà de 2 semaines ou sont dérangeantes, il est conseillé de consulter un médecin, un psychologue ou un psychothérapeute spécialisé en stress post-traumatique pour faciliter la prévention du trouble de stress post-traumatique. Si les réactions apparaissent des années plus tard, c’est aussi le moment d’aller consulter.
Il s’agit de réactions de stress qui durent plus d’un mois après un événement traumatique. Rappelons que ces réactions post-traumatiques peuvent être classées dans quatre catégories :
- Reviviscences : repenser souvent à l’intervention de façon involontaire, avoir des flashbacks, y rêver, être bouleversé ou réagir avec des réactions physiques d’anxiété lors des rappels de l’événement.
- Évitement : vouloir éviter d’y penser, d’en parler ou éviter tout ce qui rappelle l’intervention (lieu, personne, objet, situation, activité).
- Hyperéveil : être irritable, demeurer en état d’alerte ou d’hypervigilance même si le danger est passé, anticiper certaines interventions, avoir des difficultés de sommeil, de concentration, sursauter, avoir un comportement autodestructeur.
- Changements dans les pensées et l’humeur : se blâmer ou se remettre en question, être plus distant, s’isoler, avoir de la difficulté à ressentir des émotions positives, avoir moins d’intérêt, être envahi d’émotions négatives (peur, sentiment d’impuissance, culpabilité, honte, horreur ou colère), entretenir des croyances négatives exagérées face à soi ou aux autres (ex. : « je suis un mauvais policier »).
Même si ces réactions sont communes, elles sont souvent dérangeantes et peuvent nuire au fonctionnement. Les réactions post-traumatiques peuvent apparaitre dans les jours suivant un événement traumatique ou parfois plusieurs mois ou années après un événement traumatique.
Il s’agit de réactions de stress qui durent au minimum trois jours et au maximum un mois après un événement traumatique. On retrouve sensiblement les mêmes réactions que dans le trouble de stress post-traumatique soit les reviviscences, l’évitement, l’hyperéveil et les changements dans l’humeur.
La principale différence entre le trouble de stress aigu et le trouble de stress post-traumatique est la durée des réactions, soit moins d’un mois dans le cas du stress aigu et plus d’un mois dans le cas du stress post-traumatique.
Le tableau suivant permet de voir rapidement les différences entre ces deux troubles. Pour obtenir un diagnostic, la consultation avec un médecin ou un professionnel habileté à faire un diagnostic sera nécessaire.
Diagnostics médicaux | Diagnostics médicaux | |
---|---|---|
Trouble stress aigu (TSA) | Trouble de stress post-traumatique (TSPT) | |
Nature de l'événement | Événement traumatique | Événement traumatique |
Délai associé au diagnostic | Ne peut se faire avant que les réactions post-traumatiques soient présentes pendant au moins 3 jours après l’événement | Ne peut se faire avant que les réactions post-traumatiques soient présentes pendant au moins 30 jours consécutifs |
Durée maximale des réactions | Maximum 30 jours après l’événement. Si les réactions post-traumatiques persistent plus de 30 jours, alors le diagnostic devient TSPT | Aucune durée maximale |
Oui, ce sont des réactions de stress normales face à une situation anormale. Même si les interventions d’urgence font partie du quotidien des policiers, ces derniers sont exposés à des situations qui peuvent sortir de l’ordinaire et qui peuvent être marquantes ou bien parfois, c’est l’accumulation d’interventions qui use.
Chaque type de réaction est une tentative de notre corps et de notre cerveau de s’adapter au stress vécu durant l’événement. Par exemple :
- Avoir des reviviscences (revoir des images, y penser, y rêver) : permet d’assimiler, d’intégrer, de classer les informations de l’événement, de digérer émotionnellement le trauma.
- Éviter d’y penser et d’en parler : permet de ne pas être en contact avec ce qui nous bouleverse; en évitant, on prend une pause temporaire d’émotions. À noter qu’à court terme, ne pas y penser ou ne pas en parler nous soulage, car on ne vit pas d’anxiété. Cependant, à plus long terme, il sera nécessaire d’y repenser et d’en reparler pour comprendre cette expérience et passer à autre chose.
- Rester en état d’alerte et hypervigilant : permet de nous protéger d’un autre danger, comme un système d’alarme interne qui nous avertit du danger.
- Se blâmer pour la survenue de l’événement : permet de conserver l’impression que nous avons un certain contrôle sur la cause de l’événement en pensant que nous en sommes responsables plutôt que de ressentir un sentiment d’impuissance face à un événement qui était imprévisible.
Rappelons que lorsque les réactions post-traumatiques persistent au-delà de deux semaines ou sont dérangeantes, il est conseillé de consulter un médecin, un psychologue ou un psychothérapeute.
Le trouble de stress post-traumatique peut avoir des répercussions dans différentes sphères de vie. Lorsque le temps passe et que les réactions post-traumatiques persistent dans le temps, les conséquences sont multiples. Consulter rapidement un médecin, un psychologue ou un psychothérapeute aide à se rétablir plus vite.
Dans le cadre du travail, les personnes en stress post-traumatique peuvent s’absenter de façon prolongée. Si elles continuent de travailler, elles peuvent avoir de la difficulté à se concentrer sur leurs tâches, avoir des oublis, être dans la lune ou être moins alertes dans l’accomplissement des tâches, mais trop prudentes dans des interventions de routine comme si elles étaient hypervigilantes. Elles peuvent devenir plus anxieuses lorsqu’elles sont confrontées à des déclencheurs qui leur rappellent l’événement traumatique (ex. : coin de rue, type d’individu) ou vouloir éviter les situations qui leur rappellent l’événement. Parfois, les personnes travaillent davantage ou se tiennent constamment occupées pour éviter de penser.
Dans le cadre de la vie sociale et familiale, elles peuvent s’isoler par rapport au groupe de travail et dans la vie personnelle, avoir de la difficulté à ressentir du plaisir et moins d’intérêt pour les activités. Elles peuvent se détacher de leur entourage, ce qui peut mener à des conflits conjugaux.
Les personnes souffrant de stress post-traumatique peuvent avoir recours à divers moyens pour alléger leur souffrance, comme consommer de l’alcool, des drogues ou des médicaments d'ordonnance en plus grande quantité que prescrit. Malheureusement, ces moyens ne sont que temporaires et, à long terme, ils peuvent engendrer d’autres difficultés comme une humeur dépressive, des problèmes de sommeil ou de dépendances.
La dépression peut aussi être une conséquence du stress post-traumatique. Parfois, les gens vont même jusqu’à penser au suicide.
Si vous reconnaissez l’une ou plusieurs de ces conséquences, parlez-en à quelqu’un qui peut vous écouter, allez chercher de l’aide auprès d’un médecin, d’un psychologue ou d’un psychothérapeute. Les ressources sont là pour vous aider.
Au cours de sa carrière, un policier sera exposé à plusieurs événements à potentiel traumatique. Cette exposition demande à la personne de faire appel à ses capacités d’adaptation.
Certains de ces événements peuvent engendrer des réactions de stress qui vont interférer avec la capacité du policier de poursuivre ses activités professionnelles, du moins pour un certain temps.
Dans d’autres cas, c’est l’accumulation de plusieurs événements traumatiques, que ce soit sur une courte période ou au cours de la carrière, qui use les capacités d’adaptation de la personne. Des symptômes physiques ou psychologiques peuvent alors se développer et interférer avec la capacité du policier de poursuivre son travail. C’est le principe de la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Ce qui peut se passer lorsqu’il y a accumulation :
- Une situation récente, banale en comparaison aux autres vécues en carrière (ex. : intervenir sur une autre scène d’accident), peut affecter davantage le policier parce que, cette fois-ci, ses capacités pour y faire face ont été épuisées par l’accumulation.
- Une situation récente peut faire écho à des événements du passé qui « remontent » à la surface et viennent affecter le policier.
Ainsi, au fil du temps, il faut prendre des moyens pour éviter les répercussions de cette accumulation (ex. : développer des stratégies pour prendre soin de soi) et, au besoin, consulter une aide professionnelle pour aider à classer les événements du passé.
Pour en savoir plus
- L’IRSST a également publié les études suivantes :
- Les policiers face au stress post-traumatique : plus résilients qu’on le croyait
- Facteurs prévisionnels du développement de l’état de stress post-traumatique à la suite d’un événement traumatique chez les policiers : volet rétrospectif
- Facteurs prévisionnels du développement de l’état de stress post-traumatique à la suite d’un événement traumatique chez les policiers : volet prospectif
- Le site Personnel de la sécurité publique et blessures de stress post-traumatique (BSPT) contient notamment des vidéos et des fiches d’information sur les BSPT.
- Le site First Responders First du Public Services Health and Safety Association contient de nombreuses informations spécifiques aux premiers répondants.
- Si vous avez vécu un événement traumatique, ce livre, écrit par une psychologue spécialisée en stress post-traumatique, pourrait vous intéresser :
Brillon, P. (2017). Se relever d’un traumatisme. Réapprendre à vivre et à faire confiance (5e éd.). Montréal, Québec : Les éditions Québec-Livres. Repéré à Québec-livres.
Pour en apprendre davantage sur le stress post-traumatique chez les policiers, consultez nos autres pages Web développées sur ce sujet.