Selon Lupien (Par amour du stress, 2020), un événement stressant (aussi appelé stresseur) est défini par la présence de l’un ou plusieurs des éléments suivants : une situation dans laquelle nous percevons que nous avons peu de contrôle, une situation imprévisible, nouvelle ou dans laquelle notre égo est menacé. Dans ce contexte, l’égo fait référence à nos compétences ou nos habiletés qui font partie de notre estime personnelle. Pour aider à mémoriser les ingrédients du stress, Lupien (2010) utilise l’acronyme CINÉ : Contrôle faible, Imprévisibilité, Nouveauté et Égo menacé.
À titre d’exemples, les chauffeurs d’autobus peuvent vivre les événements stressants suivants : confrontation avec les usagers ou entre usagers, reproche, incivilité ou insulte verbale de la part des usagers, harcèlement psychologique ou intimidation, risque de contamination lors d’un crachat ou d’une morsure, comportement désorganisé, atypique ou langage non-verbal menaçant d’un usager.
Les stresseurs ne mettent pas la vie ou l’intégrité physique en danger immédiat et n’impliquent pas de menaces ni de violence sexuelle comme c’est le cas avec les événements à potentiel traumatique.
Dans ces pages, les termes Événement traumatique et Événement à potentiel traumatique sont utilisés sans distinction.
C’est un événement durant lequel soi-même ou une autre personne (ex. : citoyen, collègue) aurait pu mourir, est mort, a été menacé de mort ou de grave blessure, a été gravement blessé, a subi ou a été exposé à de la violence sexuelle (APA, 2015).
L’exposition peut survenir d’une ou des façons suivantes :
- Être exposé directement à l’événement.
- Être un témoin direct de l’événement qui survient à un autre.
- Être un témoin indirect (ex. : apprendre que l’événement est arrivé à un collègue ou à un proche, ce qui veut dire qu’un événement peut être traumatique même si vous n’êtes pas directement sur les lieux). Dans ce cas, l’événement doit avoir été violent ou accidentel.
- Être exposé de manière répétée ou extrême aux détails horrifiants ou pénibles d’un ou plusieurs événements.
À titre d’exemples, les événements suivants en tant que chauffeur d'autobus ont un potentiel traumatique : recevoir des menaces de mort ou de blessures corporelles de la part d’un usager, être blessé gravement, être impliqué dans un accident de la route, être témoin d’une collision impliquant un cycliste ou un piéton, être témoin d’une bagarre blessant un citoyen dans l’autobus, apprendre qu’un événement traumatique est arrivé à un collègue.
Noter que l’exposition à un événement à potentiel traumatique pourrait mener ou non au développement de difficultés.
Il est important de mentionner qu’un chauffeur d'autobus qui a vécu ou a été exposé à un événement qui l’affecte ou le bouleverse, qu’il soit traumatique ou non, devrait aller chercher de l’aide.
Un événement, stressant ou traumatique, demande à la personne de faire appel à ses capacités d’adaptation. Un seul événement peut ne pas être complètement déstabilisant et la personne peut alors continuer de travailler. Cependant, si une personne est exposée à répétition à des événements stressants ou traumatiques au travail ou dans sa vie personnelle, alors ses capacités d’adaptation sont amoindries. Cette personne aura moins d’énergie pour faire face à de nouvelles situations dans le futur et le risque de développer des symptômes physiques ou psychologiques est plus grand. L’accumulation de plusieurs événements, que ce soit au cours d’une courte période ou de la carrière, use les capacités d’adaptation de tout être humain (voir des accidents de la route à répétition, en étant impliqué ou non, etc.). Au fil du temps, si la personne ne prend pas des moyens pour diminuer les stresseurs, prendre soin d’elle ou encore chercher une aide professionnelle, les événements peuvent devenir plus difficiles à affronter car la fatigue est présente et les conséquences du stress chronique sur la santé physique et psychologique se font ressentir. C’est le principe de la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Ce qui peut se passer lorsqu’il y a accumulation :
- Une situation récente, banale en comparaison aux autres vécues en carrière (ex. : une confrontation avec un client), nous affecte davantage
- Une situation récente fait écho à des événements du passé qui « remontent » à la surface et viennent nous affecter dans notre quotidien
Dans tous les cas, c’est alors le moment de chercher un soutien professionnel pour aider à classer les événements du passé ou développer des stratégies pour prendre soin de soi et diminuer, si possible, les stresseurs.
Ces réactions sont normales face à une situation qui est anormale.
Lors de l’événement, l’adrénaline secrétée par le système nerveux déclenche une série de réactions de survie. Ainsi, pendant ou après l’événement, un chauffeur d’autobus pourrait ressentir des réactions physiologiques de stress dues à la sécrétion d’adrénaline et de cortisol dans le corps comme : palpitations, hyperventilation, tremblements, souffle court, impression de manquer d’air ou sensation d’étouffement, étourdissements, douleurs thoraciques ou sensation d’oppression au niveau du thorax, picotements, difficulté à avaler, serrement à la gorge, jambes molles.
Certains chauffeurs d’autobus pourraient ressentir d’autres types de réactions qui ne sont pas énumérées ci-dessus. Il est aussi possible d’avoir vécu un tel événement, mais de ne pas développer de réaction. Chacun réagit différemment, d’où l’importance de ne pas se comparer aux autres.
Dans les jours qui suivent, il est possible de continuer de ressentir des réactions et émotions très intenses. Toutes ces réactions sont des tentatives de l’organisme de s’adapter à l’événement.
Un événement traumatique sera plus difficile à digérer émotionnellement, comparativement à un événement stressant qui n’a pas menacé l’intégrité physique ou la vie d’une personne, car il entraine une grande quantité d’informations à absorber par l’organisme. Les réactions qui apparaissent reflètent cette tentative d’adaptation du corps et du cerveau chez la personne.
a. Les réactions pendant l’événement ou immédiatement après :
Les réactions de dissociation sont communes chez tout travailleur qui, du fait de la nature de son travail, ne peut pas fuir physiquement les événements auxquels il est exposé.
Le chauffeur d’autobus pourrait ressentir des réactions de dissociation comme :
- Dépersonnalisation : impression de se « voir » en train de faire l’action, se sentir en dehors de son corps, s’observer d’en haut.
- Déréalisation : impression que les choses se déroulent au ralenti ou en accéléré, que ce qui se passe est irréel (impression d’être dans un mauvais rêve ou dans un film).
- Diminution de la conscience de son environnement : moins entendre les sons ou moins voir ce qui nous entoure.
- Amnésie : ne pas se rappeler de certains détails importants de l’événement.
- Léthargie : être coupé de ses émotions et ne rien ressentir.
b. Les réactions dans les jours qui suivent l’événement traumatique :
Voici des exemples courants de réactions qui surviennent après un événement à potentiel traumatique, d’où l’appellation de réactions post-traumatiques :
- Reviviscences : repenser souvent à l’événement de façon involontaire, y rêver, avoir des flashbacks (impression de revivre l’événement, de réentendre des sons, de ressentir des douleurs, de sentir à nouveau des odeurs associées au trauma), être bouleversé ou réagir avec des réactions physiques d’anxiété lors des rappels de l’événement.
- Évitement : vouloir éviter d’y penser, d’en parler ou éviter tout ce qui rappelle l’événement (lieu, personne, objet, situation, activité, travail).
- Hyperéveil : être irritable, demeurer en état d’alerte ou d’hypervigilance même si le danger est passé, anticiper de prendre certains usagers à bord ou de repasser devant certains arrêts d’autobus, avoir des difficultés de sommeil, de concentration, sursauter, avoir un comportement autodestructeur.
- Changements dans les pensées et l’humeur : se blâmer ou se remettre en question, être plus distant, s’isoler, avoir de la difficulté à ressentir des émotions positives, avoir moins d’intérêt, être envahi d’émotions négatives (peur, sentiment d’impuissance, culpabilité, honte, horreur ou colère), entretenir des croyances négatives exagérées face à soi ou aux autres (ex. : je suis un mauvais chauffeur d’autobus).
Ces réactions peuvent changer au fil du temps. Les réponses aux questions suivantes vous donneront plus d’informations sur l’évolution possible des réactions, mais retenons pour le moment qu’une personne pourrait présenter certaines de ces réactions sans pour autant être en trouble de stress post-traumatique.
De plus, l’exposition à un événement traumatique peut aussi engendrer d’autres conséquences, sans que ce soit des réactions post-traumatiques (ex. : anxiété, symptômes dépressifs, consommation de substances).
La durée des réactions varie pour chaque personne. Les réactions peuvent :
- Durer quelques jours et s’estomper graduellement
- Persister dans le temps ou
- Se développer des mois ou des années après l’événement
Certaines personnes pourraient également ne pas présenter de réactions post-traumatiques après un événement à potentiel traumatique.
L’évolution et la durée des réactions dépendent de certains facteurs. Les facteurs de risque sont associés au développement et au maintien des réactions post-traumatiques, alors que les facteurs de protection facilitent l’adaptation après un événement traumatique. Les recherches indiquent, entre autres, que la sévérité du trauma, la présence de dissociation pendant l’événement ou encore un soutien social négatif après le trauma (ex. : recevoir des critiques) sont autant de facteurs de risque qui nuisent à l’adaptation. Le meilleur facteur de protection serait la perception d’un soutien social adéquat après le trauma et faciliterait le rétablissement de l’individu.
Lorsque les réactions post-traumatiques persistent au-delà de 2 semaines ou sont dérangeantes, il est conseillé de consulter un médecin, un psychologue ou un psychothérapeute spécialisé en stress post-traumatique pour faciliter la prévention du trouble de stress post-traumatique. Si les réactions apparaissent des années plus tard ou persistent depuis déjà un mois, c’est aussi le moment d’aller consulter.
La prochaine section présente les diverses réactions qui peuvent découler de l’exposition à des événements stressants ou traumatiques. Il est utile de reconnaître les réactions pour s’auto-dépister. En lisant ce qui suit, il est possible que vous vous reconnaissiez dans les réactions présentées. Sachez qu’une consultation avec un médecin ou un professionnel de la santé sera nécessaire si vous désirez recevoir une évaluation plus poussée de vos difficultés car cette section ne permet pas de faire d’autodiagnostic. Seul un médecin ou un professionnel habileté à faire un diagnostic peut poser un diagnostic.
a. Qu’est-ce que le trouble de l’adaptation?
Il s’agit de symptômes émotionnels ou comportementaux (ex. : humeur dépressive, anxiété) en réponse à un ou plusieurs stresseurs identifiables dans les trois derniers mois. Les stresseurs que vivent les chauffeurs d’autobus peuvent les amener à développer un trouble de l’adaptation, en particulier lorsque les stresseurs s’accumulent dans le temps.
Lors d’un trouble de l’adaptation, la personne peut présenter des réactions similaires à celles que l’on retrouve dans le stress post-traumatique, alors que l’événement n’est pas de nature traumatique en soi (ex. : insultes, intimidation). Il est aussi possible pour une personne de recevoir un diagnostic de trouble de l’adaptation lorsque l’événement est traumatique, mais que la personne ne présente pas suffisamment de symptômes pour satisfaire les critères du trouble de stress aigu ou du trouble de stress post-traumatique.
b. Qu’est-ce que le trouble de stress aigu?
Il s’agit de réactions de stress qui durent au minimum trois jours et au maximum un mois après un événement traumatique. Si les réactions persistent au-delà d’un mois, le diagnostic change automatiquement pour le trouble de stress post-traumatique (TSPT). Ainsi, le diagnostic du trouble de stress aigu (TSA) concerne les réactions présentes dans le premier mois seulement.
On retrouve sensiblement les mêmes réactions dans le TSA et le TSPT. Les réactions post-traumatiques sont décrites dans la section du TSPT ci-dessous.
c. Qu’est-ce que le trouble de stress post-traumatique?
Il s’agit de réactions de stress qui durent plus d’un mois après un événement traumatique. Ces réactions post-traumatiques peuvent être classées dans quatre catégories :
- Reviviscences : repenser souvent à l’événement de façon involontaire, y rêver, avoir des flashbacks (impression de revivre l’événement, de réentendre des sons, de ressentir des douleurs, de sentir à nouveau des odeurs associées au trauma), être bouleversé ou réagir avec des réactions physiques d’anxiété lors des rappels de l’événement.
- Évitement : vouloir éviter d’y penser, d’en parler ou éviter tout ce qui rappelle l’événement (lieu, personne, objet, situation, activité, travail).
- Hyperéveil : être irritable, demeurer en état d’alerte ou d’hypervigilance même si le danger est passé, anticiper de prendre certains usagers à bord ou de repasser devant certains arrêts d’autobus, avoir des difficultés de sommeil, de concentration, sursauter, avoir un comportement autodestructeur.
- Changements dans les pensées et l’humeur : se blâmer ou se remettre en question, être plus distant, s’isoler, avoir de la difficulté à ressentir des émotions positives, avoir moins d’intérêt, être envahi d’émotions négatives (peur, sentiment d’impuissance, culpabilité, honte, horreur ou colère), entretenir des croyances négatives exagérées face à soi ou aux autres (ex. : je suis un mauvais chauffeur d’autobus).
Même si ces réactions sont communes, elles sont souvent dérangeantes et peuvent nuire au fonctionnement. Les réactions post-traumatiques peuvent apparaitre rapidement après un événement traumatique ou parfois plusieurs mois ou années après un événement traumatique.
d. Distinction entre les troubles
Le tableau suivant permet de voir rapidement les différences entre les troubles dont il a été question précédemment. Pour obtenir un diagnostic, la consultation avec un médecin ou un professionnel habileté à faire un diagnostic sera nécessaire.
Diagnostic médical : Trouble de l'adaptation | Diagnostic médical : Trouble de stress aigu (TSA) | Diagnostic médical : Trouble de stress post-traumatique (TSPT) | |
---|---|---|---|
Nature de l'événement | Événement stressant ou traumatique | Événement traumatique | Événement traumatique |
Délai associé au diagnostic | Peut se faire immédiatement après la survenue du stresseur ou de l’événement traumatique et doit se faire à l'intérieur de 3 mois après la survenue du stresseur | Ne peut se faire avant que les réactions post-traumatiques soient présentes pendant au moins 3 jours après l’événement | Ne peut se faire avant que les réactions post-traumatiques soient présentes pendant au moins 30 jours consécutifs |
Durée maximale des réactions | Une fois que le stresseur ou ses conséquences sont terminés, les réactions post-traumatiques ne perdurent pas au-delà de 6 mois | Maximum 30 jours après l’événement. Si les réactions post-traumatiques persistent plus de 30 jours, alors le diagnostic devient TSPT | Aucune durée maximal |
Oui, ce sont des réactions de stress normales face à une situation anormale. Les chauffeurs d’autobus peuvent être exposés à des situations qui peuvent sortir de l’ordinaire et qui peuvent être marquantes ou bien, parfois, c’est l’accumulation d’événements stressants pendant la carrière du chauffeur qui use sa capacité à s’adapter.
Lorsqu’il y a une menace pour notre survie ou celle d’autrui, notre système nerveux sympathique s’active pour se préparer à réagir au danger. Ce faisant, il émet une série de réactions physiologiques et cognitives intenses et jamais ressenties auparavant pour aider à nous adapter au stress vécu.
Chaque type de réaction est une tentative de notre corps et de notre cerveau de s’adapter :
- Avoir des reviviscences : revoir des images, y penser, y rêver permet d’essayer de donner un sens, d’assimiler, de classer les informations de l’événement, de digérer émotionnellement le trauma.
- Éviter d’y penser et d’en parler : permet de ne pas être en contact avec ce qui nous bouleverse; en évitant, on prend une pause temporaire d’émotions. À court terme, ne pas y penser ou ne pas en parler nous soulage, car on ne vit pas d’anxiété. Cependant, à plus long terme, il sera nécessaire d’y repenser et d’en reparler pour comprendre cette expérience et passer à autre chose.
- Rester en état d’alerte et hypervigilant : permet de nous protéger d’un autre danger, comme un système d’alarme interne qui nous avertit du danger.
- Réagir aux rappels de l’événement : lors d’un événement traumatique, notre cerveau crée « une structure de peur », soit un ensemble d’association entre les éléments présents pendant l’événement pour nous aider à prendre des décisions rapides sur ce qui est dangereux ou non. Par exemple, si un usager qui porte une casquette rouge agresse un chauffeur, la casquette rouge pourrait maintenant faire partie de la structure de peur du chauffeur d’autobus. Désormais, le cerveau du chauffeur va associer cet élément à un indice de danger pour l’avertir de faire attention la prochaine fois qu’il rencontre cet indice dans son environnement. Ainsi, ce chauffeur pourrait devenir anxieux lorsqu’il revoit d’autres usagers qui portent une casquette rouge, comme si le danger allait se reproduire. Il est normal de réagir émotionnellement aux rappels de l’événement, aussi appelé déclencheurs. On réagit aux déclencheurs parce que notre cerveau essaye de nous protéger du mieux qu’il peut.
- Se blâmer pour la survenue de l’événement : permet de conserver l’impression que nous avons un certain contrôle sur la cause de l’événement, si nous en sommes responsable, plutôt que de ressentir un sentiment d’impuissance face à un événement qui était imprévisible.
Rappelons que lorsque les réactions post-traumatiques persistent au-delà de deux semaines ou sont dérangeantes, il est conseillé de consulter un médecin, un psychologue ou un psychothérapeute.
Le trouble de stress post-traumatique peut avoir des répercussions dans différentes sphères de vie. Lorsque le temps passe et que les réactions post-traumatiques persistent dans le temps, les conséquences sont multiples. Consulter rapidement un médecin, un psychologue ou un psychothérapeute aide à se rétablir plus vite.
Au niveau du travail, les personnes en stress post-traumatique peuvent s’absenter de façon prolongée. Si elles continuent de travailler, elles peuvent avoir de la difficulté à se concentrer sur leurs tâches, avoir des oublis, être dans la lune ou être moins alertes dans l’accomplissement des tâches, mais être hypervigilant à d’autres moments (ex. : surveiller de façon excessive dans son rétroviseur les usagers ou les automobilistes dans l’angle mort après un accident). Elles peuvent devenir plus anxieuses lorsqu’elles sont confrontées à des déclencheurs qui leur rappellent l’événement traumatique (ex. : arrêt d’autobus, coin de rue, type d’individu) ou vouloir éviter les situations qui leur rappellent l’événement.
Au niveau de la vie sociale et familiale, elles peuvent s’isoler par rapport au groupe de travail et dans la vie personnelle, avoir de la difficulté à ressentir du plaisir et moins d’intérêt pour les activités. Elles peuvent se détacher de leur entourage, ce qui peut mener à des conflits conjugaux.
Les personnes souffrant de stress post-traumatique peuvent avoir recours à divers moyens pour alléger leur souffrance, soit en consommant de l’alcool, du cannabis, des drogues ou des médicaments d’ordonnance en plus grande quantité que prescrit. Malheureusement, ces moyens ne sont que temporaires et, à long terme, ils peuvent engendrer d’autres difficultés comme une humeur dépressive, des problèmes de sommeil ou de dépendances.
Les milieux de travail peuvent mettre en place différentes actions pour les travailleurs selon trois phases de prévention : primaire, secondaire et tertiaire. Le tableau suivant les présente.
Prévention primaire | Prévention secondaire | Prévention tertiaire | |
---|---|---|---|
Objectifs | Prévenir l’occurrence des événements traumatiques Sensibiliser les travailleurs à s’autodépister et prendre soin de soi Former les gestionnaires à soutenir les travailleurs Instaurer les bonnes pratiques de soutien | Prévenir le développement des conséquences des événements traumatiques (ex. : prévenir le TSPT) Appliquer les bonnes pratiques de soutien | Prévenir la chronicisation des difficultés développées |
À qui cela s'adresse | À l’ensemble des travailleurs et des gestionnaires La sensibilisation et la formation se font dès l’entrée en fonction de nouveaux travailleurs et nouveaux gestionnaires | Aux travailleurs qui ont vécu des événements traumatiques Aux gestionnaires qui vont soutenir les travailleurs | Aux travailleurs qui ont développé des conséquences à la suite de leur exposition à des événements Aux gestionnaires qui vont soutenir les travailleurs |
Exemple d’actions pour le milieu du transport | Modifier l’environnement de travail par le biais de caméras supplémentaires et de micros 360 degrés dans les autobus | Avoir des ressources professionnelles spécialisées et disponibles pour le traitement du TSPT ou des autres difficultés qui découlent des événements traumatiques (ex. : donner accès à la thérapie axée sur le trauma) | |
Exemple | Proposer des séances de sensibilisation pour les travailleurs | Offrir du soutien aux travailleurs (ex. : premiers soins psychologiques) | Continuer de soutenir le travailleur |
Exemple | Proposer des séances de formation pour les gestionnaires | Offrir l'autodépistage des travailleurs | |
Exemple | Avoir développé un protocole pour la gestion des événements traumatiques en milieu de travail (ex. : protocole de retrait systématique des chauffeurs) Avoir formé les gestionnaires à l’application du protocole | Savoir où référer les travailleurs pour une aide professionnelle S’assurer que les professionnels ont une expertise dans les événements traumatiques en milieu de travail |
Source : Les informations contenues dans ce tableau s’inspirent du chapitre suivant : Geoffrion, S., Martin, M. et Guay, S. (2019). Intervenir auprès des travailleurs après un événement traumatique. Dans S. Bond, G. Belleville, et S. Guay (dir.), Les troubles liés aux événements traumatiques : guide des meilleures pratiques pour une clientèle complexe (p. 374-395). Les Presses de l’Université Laval.
Le rôle des gestionnaires dans la prise en charge d'un événement traumatique est important. Les premières actions de soutien peuvent être déterminantes dans le rétablissement d'une personne. Dans la partie qui suit, vous trouverez un outil qui pourra s’avérer fort utile. Il présente des exemples de bonnes pratiques de soutien après l’exposition à un événement potentiellement traumatique. Ces pratiques sont basées sur les premiers soins psychologiques.
L’approche de soutien mise de l’avant dans ces outils se base sur les premiers soins psychologiques (PSP). Les PSP désignent les différentes actions qui peuvent être faites pour donner un premier soutien aux individus confrontés à des événements à potentiel traumatique, que ce soit immédiatement après l’événement ou dans les jours et semaines qui suivent. Cette approche est soutenue par plusieurs experts internationaux sur le trauma (ex. : Inter-Agency Standing Committee [IASC], Organisation mondiale de la santé [OMS], The National Child Traumatic Stress Network [NCTSN]). Pour en savoir plus sur les PSP, visitez The National Child Traumatic Stress Network : About PFA. |
Votre organisation devrait se doter dès maintenant d’un programme de prévention qui cible les actions recommandées à mettre en place selon trois phases de prévention (voir question 10). Chaque milieu de travail doit déterminer qui seront les sentinelles, c’est-à-dire les meilleures personnes pour offrir les premiers soins psychologiques (ex. : chef d'opération, superviseur réseau). Une formation est nécessaire pour les outiller dans la mise en place des comportements soutenants et des attitudes aidantes auprès des travailleurs. De plus, ces personnes doivent être à l’aise de faire les actions ci-dessous. Voici quelques-unes des bonnes pratiques suggérées.
Période de temps après l'événement | Bonnes pratiques | Exemples |
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0–24 HEURES | Lors d’une rencontre individuelle, la personne responsable des premiers soins psychologiques vise à calmer, sécuriser, répondre aux besoins et soutenir le chauffeur d'autobus impliqué dans l’événement. La rencontre peut avoir lieu sur place ou dans une autre lieu sécurisant pour la personne. La personne responsable respecte le rythme du travailleur, fait preuve d’empathie, respecte les silences, reste calme et adopte des attitudes de validation et d’acceptation. À cette étape, ce qui est considéré aidant est de stabiliser l’état de la personne en lui offrant une présence calme au lieu de l’amener à parler des détails émotionnels de l’événement, ce qui pourrait contribuer à une surcharge émotionnelle. Il faut valider et accueillir toute émotion spontanément et volontairement exprimée, mais surtout ne pas insister pour que la personne parle de ses émotions. |
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24-72 HEURES | La personne responsable fait une « veille attentive » qui consiste à faire une évaluation continue des besoins et le dépistage des travailleurs à risque afin d’assurer le lien vers les ressources d’aide appropriées. Il ne faut pas oublier de veiller à ceux qui seraient indirectement impliqués dans l’événement, mais qui pourraient quand même être affectées (ex. : collègue ou autre chauffeur qui a entendu parler de l'événement). |
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72 HEURES ET PLUS | La « veille attentive » se poursuit pendant le premier mois suivant l’événement puisqu’il s’agit du moment critique pour dépister les gens qui auraient des réactions post-traumatiques et les référer aux ressources. |
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Pour en apprendre davantage sur le stress post-traumatique chez les chauffeurs d'autobus, consultez nos autres pages Web développées sur ce sujet.