Voici quelques-uns des signaux d’alarme. Ces signes n’indiquent pas nécessairement que vous êtes en stress post-traumatique, mais cela indique qu’il y a quelque chose qui se passe et c’est le moment de s’y attarder.
Au travail :
- J’anticipe de prendre à bord certains usagers.
- Je suis hypervigilant quand j’arrive à tel coin de rue.
- Je suis plus anxieux sur ma route.
- Je suis moins concentré.
- Je perds mon calme.
- Je deviens plus irritable.
- Je n’ai plus de plaisir à conduire mon autobus.
Demandez-vous depuis quand vous avez changé : est-ce que cela correspond au moment où un événement potentiellement traumatique est survenu au travail ou à un déclencheur qui vous a rappelé une situation bouleversante ou bien est-ce en lien avec votre vie personnelle? Essayez de faire des liens entre le moment où vous avez commencé à aller moins bien et ce qui se passait à ce moment-là dans votre vie professionnelle ou personnelle.
De plus, restez attentif aux commentaires de ceux qui vous connaissent. Parfois, les gens autour de nous peuvent s’apercevoir que nous avons changé et nous le font remarquer. Parfois, c’est notre conjoint ou conjointe, un collègue ou notre supérieur qui vont remarquer des changements qui nous avaient échappé. Soyez à l’écoute de ceux qui vous connaissent et demandez-vous s’ils ont vu juste.
Si vous vous reconnaissez dans les signaux d’alarme ou dans les réactions de stress post-traumatique énumérées précédemment, il est conseillé de consulter un médecin, un psychologue ou un psychothérapeute.
Il n’est pas facile de demander de l’aide, mais rappelez-vous que vous avez le droit de demander d'être aidé. Choisissez de vous confier à une personne qui vous écoutera sans vous juger et en qui vous avez confiance. Si vous n’allez pas bien depuis un événement particulier, vous n’êtes pas obligé de parler en détail de l’événement, mais simplement dire que vous n’allez pas bien depuis. Si vous n’êtes pas à l’aise de le dire en personne, demandez-vous ce qui vous rendrait plus à l’aise : est-ce de l’écrire par texto ou de laisser un message vocal?
Demandez-vous ce dont vous auriez besoin pour aller mieux : avez-vous besoin d’être écouté, d’être entouré de vos proches, d’informations ou de conseils, de voir votre médecin, d'être accompagné à un rendez-vous médical, d’appeler le programme d’aide aux employés (PAE), d'un congé de travail ou d'aménagements transitoires au travail (ex. : accompagnement de la part d'un superviseur)? Également, vous pouvez demander à un proche de vous aider pour vous sentir mieux.
Avant un événement traumatique :
On ne peut prédire à quel moment on sera confronté à un événement traumatique au travail, mais on peut dès maintenant mettre en place des moyens pour prendre soin de soi et s’assurer d’avoir l’énergie et les ressources nécessaires pour y faire face :
- Maintenir une bonne hygiène de vie (ex. : bien s’alimenter, faire attention aux excès de café, de stimulants ou d’alcool, faire de l’activité physique, bien dormir).
- Garder un bon équilibre entre le travail et la vie personnelle.
- Bien s’entourer.
- Être capable de demander de l’aide, au besoin.
Après un événement à potentiel traumatique :
On a besoin de retrouver un sentiment de calme, de sécurité, d’être réconforté et de se sentir soutenu. Demandez-vous ce qui vous aiderait à restaurer ces quatre éléments.
- Est-ce qu’il y a un lieu, une personne, un animal de compagnie ou une activité qui vous aiderait à aller mieux?
- Que faites-vous naturellement quand vous voulez vous calmer?
- Vers qui vous tournez-vous pour recevoir du soutien?
Chaque personne possède ses propres stratégies d’adaptation, mais de façon générale, ce qui aide après un événement traumatique est de :
- Rechercher le soutien de son entourage.
- Maintenir une bonne hygiène de vie (sommeil, alimentation, exercice).
- Se changer les idées par des activités plaisantes.
- Parler de ses craintes ou de ses préoccupations à des collègues ou à son supérieur.
- Chercher une aide professionnelle en cas de besoin.
- Accepter d’y penser par moment et de ressentir les émotions qui y sont associées.
Ce qui n’aide pas est de :
- Juger ses propres réactions.
- S’isoler.
- Éviter complètement d'y penser ou vouloir l’oublier.
- Se surexposer aux médias qui diffusent l’événement.
- Banaliser l'événement vécu.
- Consommer des stimulants (café, boissons énergisantes, etc.), ou se surentrainer au gym.
- Consommer de l'alcool, du cannabis, des drogues ou des médicaments d'ordonnance en plus grande quantité que prescrit.
Le piège de l’évitement
Vouloir tourner la page et passer à autre chose est normal après un événement traumatique. Cependant, plus on s’efforce d’oublier l’événement, plus les souvenirs augmentent, car notre cerveau a besoin d’y penser pour nous aider à comprendre l’événement. Acceptez d’y penser un peu plus à chaque fois plutôt que d’éviter complètement d’y penser et au besoin, faites-vous accompagner par une ressource professionnelle.
Il est normal d’avoir besoin, à l’occasion, de moments de solitude, mais attention si vous avez tendance à vous retirer de la vie sociale autour de vous et à ne plus participer aux activités que vous aimiez auparavant : s’isoler est un piège qui peut maintenir les réactions post-traumatiques.
Saviez-vous que d’après des études scientifiques, le soutien social est le meilleur facteur de protection contre le développement du trouble de stress post-traumatique? Rechercher du soutien auprès de ses collègues, de ses supérieurs et de ses proches permet de mieux s'adapter après un événement traumatique.
Selon vos besoins, demandez différents types de soutien.
- Soutien émotionnel : Partagez ce que vous avez vécu avec quelqu’un de confiance.
- Soutien de divertissement : Faites une activité sportive ou plaisante pour vous changer les idées, vous distraire ou pour relaxer.
- Aide tangible : Demandez à vos proches de vous aider par une aide matérielle, monétaire, un accompagnement à des rendez-vous ou autre.
- Soutien informationnel : Demandez des conseils ou des renseignements à votre entourage.
Le soutien du représentant syndical ou du supérieur est aussi important après un événement traumatique. Vous vous sentez peut-être plus vulnérable au travail depuis cet événement. Vous n’êtes pas obligé de tout lui dire, décidez de ce que vous lui communiquerez ou non. Cette personne est là pour veiller à votre bien-être et pour vous aider à surmonter l’événement. Lui en parler offre l’opportunité qu’elle reconnaisse l’impact de cet événement et qu’elle vous démontre son soutien et ses encouragements pour aller mieux.
Prenez le temps de vous demander ce dont vous avez besoin : est-ce de prendre un congé pour quelques jours, d’avoir des aménagements au travail, de conduire accompagné d'un autre chauffeur d'autobus, d’aller consulter un médecin, un psychologue ou un psychothérapeute? Votre représentant syndical ou votre supérieur peut vous apporter de l’aide à différents niveaux et peut vous accompagner dans ces démarches.
Pour aider cette personne à mieux comprendre ce que vous vivez, vous pouvez la référer aux pages Je suis un collègue ou un représentant syndical ou Je suis un gestionnaire où elle obtiendra des informations. Après, vous pourrez en discuter ensemble.
Le soutien d’un proche (conjoint ou conjointe, membres de la famille, amis) est souvent mentionné comme étant aidant pour traverser un événement traumatique. Il peut être difficile d’exprimer ce que vous ressentez ou de parler de l’événement. Vous n’êtes pas obligé de tout dire, décidez de ce que vous communiquerez ou non. Vous pouvez choisir de lui parler à différents moments pour une courte durée pour ne pas être submergé. Demandez-vous après si cela vous a fait du bien.
Attention aux idées préconçues qui vous empêcheraient de vous confier comme :
« Si j’en parle, je vais les traumatiser »
Au lieu de traumatiser votre proche, en parler pourrait l’aider à mieux vous comprendre. Parlez de comment vous vous sentez sans entrer dans les détails horrifiants si vous craignez de l’ébranler. Vérifiez quel est l’impact sur lui, il est peut-être plus fort que vous ne le croyez.
« Mon proche ne peut pas me comprendre, car il n’est pas un chauffeur d'autobus »
Parler de ce que vous avez vécu au travail pourrait l’aider à commencer à mieux vous comprendre. Si vous avez malgré tout l’impression qu’il ne comprend pas ce que vous vivez, vous pouvez le référer à ce contenu Web qui lui donnera des informations pour mieux comprendre le stress post-traumatique chez les chauffeurs d'autobus. Après, vous pourrez en discuter ensemble.
Si vous n’êtes pas à l’aise d’en parler à un proche, demandez-lui de vous soutenir d’autres façons, que ce soit de vous changer les idées, de faire une activité plaisante ou de vous apporter une aide tangible.
Il n’y a pas de réponse universelle à cette question, car l’impact d’un événement sur notre fonctionnement varie en fonction de différents facteurs de risque et de protection. Chaque travailleur est différent et on doit respecter les besoins de chacun. Certains travailleurs auront besoin d’un arrêt et celui-ci sera nécessaire à leur rétablissement. Un arrêt de travail n’est pas un luxe : c’est un moment pour prendre soin de soi, aller chercher de l’aide et retrouver son équilibre avant de retourner au travail. D’autres travailleurs pourront continuer de travailler.
Pour vous aider dans votre réflexion, posez-vous les questions suivantes :
- Êtes-vous dans un état qui vous permet de continuer de fournir le service à la clientèle?
- Avez-vous l’énergie nécessaire pour revivre un autre événement à potentiel traumatique?
- Avez-vous la concentration nécessaire pour rester sécuritaire dans votre conduite?
Si vous avez répondu NON à l’une ou plusieurs de ces questions, vous pourriez envisager de prendre un congé. La durée peut varier : parfois quelques jours suffiront pour remonter la pente, parfois ce sera plus long.
Si vous n’êtes pas certain de ce qui serait mieux pour vous dans votre situation, parlez-en à votre représentant syndical ou à votre supérieur, un médecin, un psychologue ou un psychothérapeute.
Voici quelques exemples de ressources d’aide qui peuvent être disponibles par l’intermédiaire de votre milieu de travail ou à l’extérieur de celui-ci. Ceci n’est pas une liste exhaustive; d’autres ressources peuvent exister.
Dans mon milieu de travail :
S’il existe un programme de pairs aidants dans votre milieu de travail, vous pouvez aller les voir. Ces gens sont formés pour vous soutenir, vous écouter et vous diriger vers des ressources, au besoin.
Il est aussi possible que votre milieu de travail ait un programme d’aide aux employés (PAE) qui offre un certain nombre de rencontres annuelles de psychothérapie, et ce, sans frais. La psychothérapie aide à se rétablir après un événement bouleversant. Renseignez-vous pour obtenir les coordonnées de votre PAE.
Informez-vous également des modalités de votre assurance collective concernant le remboursement des frais pour consulter le professionnel de votre choix.
En dehors de mon milieu de travail :
Si vous souhaitez consulter un psychologue, vous pouvez contacter l’Ordre des psychologues du Québec en appelant au 514 738-1223 ou en visitant leur site Web dans lequel vous trouverez un outil de recherche. Vous pourrez indiquer, sous la section « motif de consultation », le mot-clé stress post-traumatique si vous souhaitez consulter pour cette raison. (Voir également la question 10. Qu'est-ce que la psychothérapie?)
Un médecin peut aussi vous aider, en particulier si vous venez de vivre un accident du travail. Votre médecin devra remplir un formulaire pour faire une demande auprès de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). De plus, il peut être utile de consulter un médecin afin d’obtenir une médication temporaire qui peut aider à diminuer certaines de vos réactions post-traumatiques.
La ligne Info-Social 811 est un service de consultation téléphonique gratuit et confidentiel qui permet de joindre rapidement un professionnel en intervention psychosociale. Ce service est disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Le 811 est le numéro de téléphone à composer pour joindre ce service.
En ce qui concerne la prévention du suicide :
- La Ligne québécoise de prévention du suicide : ligne d’écoute gratuite et confidentielle, accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 au 1 866 APPELLE ou 1 866 277-3553.
- Le site de l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) propose aussi des pistes pour vous aider à en parler ainsi que des ressources : Commentparlerdusuicide.com.
- Le service numérique québécois en prévention du suicide (gratuit, bilingue et confidentiel) rend accessible de nombreuses informations et offre notamment la possibilité de communiquer avec un intervenant par clavardage : suicide.ca.
Il peut être utile de consulter un médecin, un psychologue ou un psychothérapeute quand vous vivez des difficultés qui vous dérangent ou qui vous empêchent de fonctionner, que ce soit au travail ou à la maison. Parfois, ce sont les autres qui ont remarqué des changements et qui aimeraient que vous puissiez aller chercher de l’aide. Peut-être que les ressources autour de vous sont insuffisantes pour vous aider et que, peu importe le temps qui passe, les choses ne s’améliorent pas pour vous. Peut-être avez-vous des idées suicidaires. N’attendez plus et allez chercher de l’aide professionnelle.
Voici quelques exemples où il pourrait être judicieux de consulter :
- J’ai des images qui me reviennent en tête et qui me dérangent.
- Je suis souvent fatigué, je dors moins bien.
- Je suis toujours en état d’alerte.
- J’ai de la difficulté à me concentrer.
- J’ai moins d’intérêt, je me sens triste.
- Je ressens moins d’émotions positives, je suis indifférent.
- J'ai moins confiance dans ma conduite.
- Je suis irritable.
- J’ai des conflits familiaux ou conjugaux.
Le site de l’Ordre des psychologues du Québec indique que
« La psychothérapie est un traitement psychologique. Elle vise à provoquer des changements d’attitudes, de comportements, de manières de penser ou de réagir chez une personne, afin de lui permettre de mieux se sentir, de trouver des réponses à ses questions, de résoudre des problèmes, de faire des choix, de mieux se comprendre. Au Québec, un permis est nécessaire pour pratiquer la psychothérapie : permis de psychologue, permis de médecin ou permis de psychothérapeute. » (Qu'est-ce que la psychothérapie?)
Parmi les formes de psychothérapie recommandées dans le traitement du trouble de stress post-traumatique, se retrouve, entre autres, la thérapie cognitive et comportementale centrée sur le trauma. Cette forme de thérapie vise à diminuer les réactions de stress post-traumatique en offrant aux clients des stratégies pour comprendre les réactions, diminuer l’anxiété et permettre de revisiter le souvenir du trauma en respectant le rythme de chacun.
La psychothérapie peut vous aider que ce soit pour :
- Faciliter et accélérer la récupération psychologique après un événement.
- Comprendre ses réactions.
- Ventiler.
- Retrouver confiance en ses habiletés.
- Donner un sens ou mieux accepter ce qui s’est passé.
- Gérer le stress au travail.
Plusieurs obstacles peuvent limiter la recherche et le recours à de l’aide. Cette section aborde quelques-uns de ces obstacles. Si vous avez vécu un événement qui vous affecte ou vous bouleverse, qu’il soit traumatique ou non, ou si vous vous sentez en détresse, c’est le temps d’aller chercher de l’aide.
1. Je ne crois pas que la thérapie va m’aider
Être capable de demander de l’aide doit être considéré comme une force de votre part. Si vous vivez avec des réactions post-traumatiques depuis un certain temps, vous constatez sûrement que ces réactions sont dérangeantes et épuisantes. Parfois, sans le savoir, on peut entretenir les réactions post-traumatiques, par exemple, en évitant d’y penser et d’en parler. Aller consulter permet de savoir quoi faire pour s’en sortir, mais aussi de savoir ce qui maintient nos difficultés actuelles afin de changer ces comportements.
Parfois les gens se disent qu’ils peuvent s’en sortir sans thérapie, car ils se rappellent toutes les fois où ils ont réussi par eux-mêmes à s’en sortir. Cependant, un événement traumatique n’est pas un événement comme les autres. C’est un événement qui nous fait vivre beaucoup d’émotions très intenses et des réactions que nous n’avons peut-être jamais ressenties auparavant. Il peut être déstabilisant de vivre toutes ces réactions, même si celles-ci sont normales. Aller consulter permet de savoir quoi faire pour aller mieux et gérer ces réactions.
N’oubliez pas que, si après quelques rencontres avec votre thérapeute vous ne vous sentez pas en confiance, vous pouvez poursuivre votre suivi avec un autre professionnel.
2. Je crois qu’il est mieux de tourner la page et de ne plus y penser
Éviter de penser à l’événement ou d’en parler fait partie des réactions post-traumatiques et il est normal de vouloir tourner la page. À court terme, vous aurez l’impression que lorsque vous ne parlez pas de l’événement, vous allez mieux. Cependant, pour assimiler un événement traumatique et être capable de passer à autre chose, il sera nécessaire d’en reparler et d’y repenser, ce qui permettra à votre cerveau d’intégrer ce qui s’est passé cette journée-là. Si c’est très difficile pour vous de vous permettre d’y penser, faites-vous accompagner par un psychologue ou un psychothérapeute. Celui-ci prendra le temps qu’il faut pour explorer avec vous cet événement important qui vous est arrivé.
3. Je devrais être capable de m’en sortir seul
Il n’est pas facile de demander de l’aide. Vous pouvez penser que demander de l’aide reflète votre vulnérabilité. Au contraire, être capable de chercher de l’aide doit être considéré comme une force de votre part. Si vous avez essayé de vous en sortir, mais que vos réactions persistent dans le temps, il est temps d’aller chercher des outils supplémentaires. En parler à vos proches ou aller consulter un médecin, un psychologue ou un psychothérapeute peut être un moyen de vous en sortir. Vous avez le droit de demander de l’aide.
Pour en apprendre davantage sur le stress post-traumatique chez les chauffeurs d'autobus, consultez nos autres pages Web développées sur ce sujet.